La victoire
Un coq chante je rêve et les feuillards agitent
Leurs feuilles qui ressemblent à de pauvres marins
Ailés et tournoyants comme Icare le faux
Des aveugles gesticulant comme des fourmis
Se miraient sous la pluie aux reflets du trottoir
Leurs rires amassés en grappes de raisin
Ne sors plus de chez moi diamant qui parlais
Dors doucement tu es chez toi tout t'appartient
Mon lit ma lampe et mon casque troué
Regards précieux saphirs taillés aux environs de Saint-Claude
Les jours étaient une pure émeraude
Je me souviens de toi ville des météores
Ils fleurissaient en l'air pendant ces nuits où rien ne dort
Jardins de la lumière où j'ai cueilli des bouquets
Tu dois en avoir assez de faire peur à ce ciel
Qu'il garde son hoquet
On imagine difficilement
À quel point le succès rend les gens stupides et tranquilles
À l'institut des jeunes aveugles on a demandé
N'avez-vous point de jeune aveugle ailé
Ô bouches l'homme est à la recherche d'un nouveau langage
Auquel le grammairien d'aucune langue n'aura rien à dire
Et ces vieilles langues sont tellement près de mourir
Que c'est vraiment par habitude et manque d'audace
Qu'on les fait encore servir à la poésie
Mais elles sont comme des malades sans volonté
Ma foi les gens s'habitueraient vire au mutisme
La mimique suffit bien au cinéma
Mais entêtons-nous à parler
Remuons la langue
Lançons des postillons
On veut de nouveaux sons de nouveaux sons de nouveaux sons
On veut des consonnes sans voyelles
Des consonnes qui pètent sourdement
Imitez le son de la toupie
Laissez pétiller un son nasal et continu
Faites claquer votre langue
Servez-vous du bruit sourd de celui qui mange sans civilité
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poem by Guillaume Apollinaire
Added by Poetry Lover
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